La rencontre-débat
La vie de l'associationMAI 2016
Débat
Résister, délibérer, rassembler – De l’oxygène avec l’Humanité
avec Philippe Torreton (comédien), Patrick Le Hyaric (député européen et directeur de l’Humanité) et Gilbert Garel (responsable des cheminots CGT).
Philippe Torreton : Le journal est présent dans ma famille, j’ai grandi avec. Il y a eu des périodes de rapprochement et des prises de distance. Mais le numérique m’a permis de retrouver l’Huma. Un journal emblématique, utile car la parole publique et politique est affaiblie. Tout ne se résume pas à des petites formules.
Le principe des « flop et top » s’est généralisé. Si on parle de guerre économique, alors il faut que l’Huma soit un journal de « guerre » pour dire la vérité. Un combat se mène sur les mots, l’ouvrier devient salarié, l’employé collaborateur... On se réfère aux Allemands qui ont réussi leur STO avec le boulot à 1 euro. Dans les grands médias, c’est la diminution du temps de parole, du débat contradictoire, sans véritable vérification des faits, des chiffres. Je regarde toute la presse. La presse devrait gêner le responsable politique.
On ne peut pas être acteur sans être citoyen même si l’engagement citoyen vous classe dans une catégorie.
Gilbert Garrel : Pour moi aussi, l’Huma c’est ma vie ; j’ai grandi avec l’Humanité. Nous sommes dans une société du mensonge sous forme de zapping. Nous vivons un moment où les repères politiques se perdent.
L’Huma est partie intégrante de la démocratie. La communication est l’arme la plus importe pour la démocratie. Les cheminots sont ulcérés par le traitement médiatique de leurs luttes et revendications. Les médias évitent le fond pour déverser des contre vérités. Les « bus Macron », comment on peut traverser la France pour 5 ou 10 euros ? Et bien, c’est la SNCF (et d’autres) qui finance les déficits ! Par contre on ne pourrait supporter le déficit de certaines lignes régionales.
Les propositions alternatives semblent n’intéresser personne. Ne faut-il pas générer une campagne pour donner l’accès aux syndicats à la presse dont l’Humanité ? Rien qu’à la CGT, on compte 20 000 sections syndicales. Aujourd’hui, je m’engage pour, avant de penser à sa perte, qu’on agisse pour la promotion de l’Humanité.
Patrick Le Hyaric : L’existence de l’Huma c’est d’abord l’utilité pour soi, pour les progressistes, pour la sphère de gauche. L’Huma évolue et parfois dans la même journée. Le journal est un corps vivant dans un monde médiatique en permanente ébullition. Il faut penser l’existence du journal dans le moment actuel. Il n’y a plus aucun titre indépendant ; tous les journaux sont intégrés dans de grands groupes capitalistes, notamment de la téléphonie. On rentre dans un cercle dangereux d’uniformisation de l’information, dans la perspective des élections de 2017. L’Humanité doit être utile au plus grand nombre et pas qu’aux seuls militants. L’Humanité est maintenant isolée.
Naguère il existait la pluralité de l’info, à ne pas confondre avec la pluralité des titres. Aujourd’hui, il faudrait parler business, finances et non plus information. Nous sommes les seuls à avoir publier le rapport Badinter et la loi travail. Nous ne faisons pas de propagande mais du décryptage, comme pour le traité transatlantique. Et malheureusement nous n’avons que 57 journalistes à l’Humanité et 15 à l’Humanité Dimanche. Nous sous-estimons le degré de méconnaissance du contenu de notre journal.
Oui, nous savons que le prix est bien trop cher et pourtant nous perdons 50 centimes par numéro édité. Le nombre de lecteurs est trop faible. Nous subissons une discrimination en matière de publicité. Bref tout doit conduire à conquérir de nouvelles lectrices et lecteurs tout en répondant à l’urgence de l’alerte que j’ai lancée.
Dominique Noguères : Nous sommes effectivement confrontés à un problème financier mais surtout à un risque de perte d’indépendance du journal ; un vrai problème politique et culturel.
Lounis Ibadioune : Traiter en même temps des questions financières et politiques. Il nous faut réagir sans tarder. Notre CA devra prendre des initiatives.
Claudette Iglesias : Ne peut-on pas faire connaître sous forme d’affiche la page « Alerte » publiée par l’Humanité ?
Arnaud Daimé : Nous avons effectué une enquête sur l’Humanité auprès de jeunes, principalement issus de l’UEC ou de la JC. Le journal apparaît comme un journal militant, de lutte, d’alternative au capitalisme. Quelques critiques constructives : il faudrait rajeunir la mise en page, des images mieux en lien avec les thèmes, journal trop cher, y compris le tarif numérique. Avoir plus d’articles de fond.
Le site internet doit être plus lisible pour être d’un accès plus large, une espèce de plate-forme ouverte. « Libres échanges » semblent être rangé dans une case à part. Favoriser le rapprochement de l’Huma et des organisations de militants pour les abonnements. Ne pas avoir honte d’être un journal communiste, pour que les communistes s’approprient le journal il faut plus de proximité entre le journal et les militants.
Taïs Hernandez : Que faire dans mon hôpital ou dans mon syndicat ? Je pensais que je pouvais sortir l’Huma sans problème. Mais ce n’est pas évident, le journal semble « catalogué ». Pourtant son contenu représente un vrai apport. Alors j’affiche des articles et je me sers de Faceboock. Une campagne d’adhésions vers les syndicats serait nécessaire.