Henri Malberg, président d'honneur de la S2LH et « incorrigible communiste », nous a quittés
Livres et publications La vie de l'association DisparitionsJUILLET 2017
La Société des lectrices et lecteurs de l’Humanité a appris avec tristesse la mort de notre camarade Henri Malberg, ex-président et, depuis 2015, président d'honneur de l'association, dans la nuit du 13 au 14 juillet, à l’âge de 87 ans. Parmi les nombreux hommages rendus, ceux de Julia Hamlaoui, de Patrick Le Hyaric, de Pierre Laurent, d'Igor Zamichiei, diffusés dans l'Humanité, et ceux de Nicolas Devers-Dreyfus et Bruno Lantéri, de la S2LH.
Les obsèques d'Henri Malberg se dérouleront samedi 22 juillet 2017, à 11 h 30, devant le Mur des fédérés, au Père Lachaise, à Paris, et un hommage lui sera rendu en septembre, au siège de Parti communiste français.
Cofondateur et président durant quatorze ans, Henri avait mis ses qualités exceptionnelles de direction, d’intelligence politique, de courtoisie aussi, dans la relation aux lectrices et lecteurs, pour le rayonnement de sa chère Humanité, journal qu’il a diffusé tant qu’il en a eu la force.
J’ai eu le privilège de plus d’un demi-siècle de complicité, jusqu’à nouer de forts liens amicaux, communistes engagés dans le Paris populaire qu’il aimait tant, et autres aventures militantes, jusqu’à lui succéder à l’animation de la S2LH.
Les accidents de la vie n’ont pas épargné Henri, les difficultés politiques vécues en responsabilité non plus, ni l’inexorable dégradation de sa santé ces dernières années. Mais toujours la passion de la chose politique, la combativité souriante et l’optimisme révolutionnaire ont été la marque, le message dont se souviendront ses proches et ses camarades.
Nicolas Devers-Dreyfus, président de la S2LH
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Henri m'a accueilli, il y a quelques années, à la Société des lectrices et lecteurs de l'Humanité pour m'y occuper de la communication, avec toute la générosité qui le caractérisait. Un homme ouvert, fort de son expérience, mais toujours intéressé par les autres, leur avis. Pas de doute, Henri était aussi un farouche défenseur du journal de Jean Jaurès, l’Humanité. Il a été président de la Société des lectrices et lecteurs de l’Humanité jusqu’en 2015, pour le faire vivre et connaître, puis président d'honneur de la S2LH. La même année, il exprimait au journaliste de l’Humanité Laurent Etre, dans un entretien, l’engagement qui était le sien pour son journal : « L’oxygène, c’est la vie. Et l’Humanité, d’une certaine façon, est l’oxygène qui permet une vie politique, sociale et culturelle, riche. (…) La bataille pour l’Humanité est cruciale. Indépendant des puissances d’argent, ce grand journal offre aux lecteurs des outils pour faire vivre concrètement leur citoyenneté. »
Un homme de convictions, jusqu'au bout. Dans son dernier livre, Incorrigiblement communiste, il réaffirmait sa fierté d’être communiste : « Les communistes ont compris parmi les premiers – en tout cas en France –, dès les années trente, que la clé de la période, c’était le danger fasciste. Ils ont inventé le Front populaire. Ils sont allés combattre en Espagne contre Franco. (…) Ils ont été au cœur de la Résistance. Ils ont été déterminants dans la libération de Paris par le peuple. Ils ont combattu les guerres coloniales et la guerre froide et mené une bataille acharnée, pas toujours avec les résultats espérés, pour l’union de la gauche. Tout cela plutôt bien, mieux que le PS, et bien sûr que la droite, au prix, parfois, de sacrifices immenses. Cela nourrit ma fierté d’être communistes. »
Henri avait un avis lucide et sévère sur le capitalisme : « Le capitalisme n’est pas la fin de l’histoire humaine, à condition, comme le disait Julius Fucik, dirigeant communiste tchécoslovaque fusillé par les nazis, que les hommes veillent. D’ailleurs, quelqu’un de favorable au capitalisme a-t-il quelque chose à dire sur l’avenir, pour les vingt ou trente ans qui viennent ? Muets et méchants, le nez collé à l’immédiat, à la loi du marché et au CAC40, quels projets ont-ils pour l’homme ? Les hommes politiques favorables au système, leurs penseurs, n’osent même pas prévoir à dix ans. Où sont les penseurs du capitalisme ? Je ne parle pas des experts autoproclamés qui répètent la pensée unique. L’objectif politique de François Hollande : retrouver la croissance, avec des millions de chômeurs naturellement, comme perspective pour notre peuple, c’est à pleurer. »
Sur la méfiance envers le communisme : « On ne nous fait pas de cadeau, et peu de regards objectifs sont portés sur nous. On dirait que taper sur les communistes, ou les ignorer, est un projet de vie chez certains. En vérité, casser le projet communiste est vital pour ceux qui défendent le système actuel. Notre existence leur est insupportable, elle trouble profondément les milieux dirigeants du système. Comme une menace que l’on ne parvient pas à étouffer. (…) Comble de l’hypocrisie, la pensée unique dit qu’après tout chacun est maître de son sort. (…) C’est la guerre de tous contre tous et ceux qui vous exploitent ont gagné leur statut par leurs talents. Voilà où l’on en est avec l’individu roi. Les uns appelés à subir et les autres exaltés pour leur réussite. Je déteste le chacun pour soi. C’est l’arme idéologique des maîtres. Chacun pour soi, et à eux la politique et le pouvoir, en somme. »
Pour Henri, « s’engager est une dimension de la liberté personnelle. C’est être debout, comprendre les événements, se tourner vers l’avenir, se mettre au service des autres. Même s’ils ne vous le rendent pas toujours. Résister aux idées dominantes, à la pensée unique, à une machinerie idéologique obsédante demande aussi beaucoup de courage. Le courage de ses idées et de ses espoirs. » Et sur l’Humanité : « J’aime, comme militant communiste, que l’on dise du bien de ces combats. J’aime que mon journal, l’Humanité, soit souvent aux avant-postes. Heureusement, dans un pays comme la France, des siècles de luttes pour les libertés ont produit des droits protégés par un arsenal de conquêtes démocratiques. Conquêtes que les forces dirigeantes menacent sans cesse de façon directe ou subtile. La liberté de s’organiser, de défendre des idées non conformistes, la liberté de la presse sont des combats permanents. Ces droits sont au cœur du combat social et politique. »
Au-delà du dirigeant et homme au fort charisme, d'un naturel optimiste, Henri était une personne avec une grande capacité d’accueil et d’écoute. Notre camarade Henri, incorrigible communiste, nous manque déjà.
Nos pensées vont à sa famille et à ses proches. Toutes mes condoléances.
Bruno Lantéri, membre du bureau de la S2LH
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Incorrigiblement communiste. C’était le titre de l’un de ses ouvrages, c’est aussi le sens de la pluie d’hommages qui a suivi l’annonce de son décès. Ce jeudi 13 juillet 2017, Henri Malberg s’en est allé, à l’âge de 87 ans. Mais sa vie de luttes laisse un souvenir impérissable à ceux qui l’ont côtoyé, et au-delà. « Nous perdons un grand homme, un communiste qui restera gravé dans nos mémoires et auquel nous devons le serment de continuer le combat auquel il a tant donné », a salué le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, qui partageait « l’amour du Paris populaire » avec cet « enfant de Belleville ».
A Paris, Henri Malberg y est né en 1930, c’est aussi là qu’il s’est éteint jeudi, à quelques jours du 75e anniversaire de la rafle du Vél’d’Hiv, à laquelle il avait de justesse échappé. Son nom a d’ailleurs pris place, hier, dans le discours du président de la République, lors de la cérémonie de commémoration. Henri avait 12 ans lorsque, avec ses parents, immigrés juifs polonais, il parvient à se soustraire à ces arrestations de masse. Un répit de courte durée qui se clôt avec son internement au camp de Douadic (Indre).
A la Libération, il retrouve son cher quartier, où se noue l’engagement qui ne le quittera plus. « Henri consacra sa vie aux autres, aux grands combats du siècle, aux réflexions et aux actions des forces d’émancipation dont son Parti communiste français auquel il tenait comme à la prunelle de ses yeux », décrit Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité.
Devenu ouvrier métallurgiste, Henri Malberg adhère aux Jeunesses communistes à son retour à Paris, puis au PCF. « Avec le recul, je crois que je n’ai pas changé. Je suis toujours le gamin qui a souffert, qui a évité de peu Auschwitz, qui a été ouvrier en usine, (…) qui continue à imaginer que le communisme est un morceau de l’avenir du monde », confiait-il dans nos colonnes quelques semaines avant la parution en 2014 de son Incorrigiblement communiste, dans lequel il estime que « le communisme fait partie du mouvement en avant qui n’en finira jamais d’être porté par les humains ».
Ce « mouvement en avant » dans la vie d’Henri Malberg s’est incarné en de multiples combats. Dans la lutte anticoloniale, d’abord. Dès 1949, il est condamné à un mois de prison pour sa participation à une manifestation contre la guerre en Indochine. Puis c’est la guerre d’Algérie, les massacres du 17 octobre et de Charonne, « des années très dures, dures aussi politiquement pour les communistes et les gens de progrès nombreux, intellectuels, étudiants, policiers, soldats, qui ont longtemps souffert de l’isolement », témoigne-t-il plus tard. C’est au cours de ces mêmes années qu’il assume de nouvelles responsabilités : en 1961, il devient le collaborateur de Waldeck Rochet, qui succédera à Maurice Thorez au poste de secrétaire général, puis il entre, en 1972, au comité central du PCF.
Dans la capitale, il est également aux avant-postes. Lors de la crise, sur fond de tensions avec les socialistes, que traverse la fédération de Paris du PCF à la fin des années 1970, parfois surnommée « l’affaire Fiszbin », il remplace son cousin Henri Fiszbin comme secrétaire fédéral. Un rôle qu’il assume jusqu’en 1995. « Son combat pour Paris était tout entier consacré à la défense des classes populaires contre la spéculation, portant la conception d’une ville vivante, riche de la diversité de ses habitants, de ses travailleurs », tient à rappeler Igor Zamichiei, qui occupe à son tour cette fonction. « Il était pour nous une référence, un repère », souligne également Ian Brossat, adjoint communiste à la mairie de Paris. Un conseil municipal qu’Henri Malberg a bien connu pour y avoir été élu pour la première fois en 1965 et y avoir été président du groupe communiste de 1989 à 2001. « Il a été l’un des artisans de la victoire de la gauche à Paris. Le Paris populaire a eu la chance d’avoir cette voix faubourienne pour le défendre », estime l’actuel président de ce groupe, Nicolas Bonnet Oulaldj. « Emotion et tristesse », aussi, de Frédérique Calandra, maire PS du 20e, qui salue la mémoire de l’« enfant puis élu » de l’arrondissement.
L’optimisme révolutionnaire a toujours été sa marque. Privé d’école par la barbarie nazie, son université aura été celle de la JC, aimait à raconter ce dernier. Un temps chargé des relations du PCF parisien avec les intellectuels, il dirigera aussi l’hebdomadaire France nouvelle puis la revue Regards. Fort de cette intelligence saluée par les nombreux hommages, Henri Malberg a toujours participé aux débats qui ont traversé plus d’un demi-siècle de communisme français, rejetant l’idée de sa désuétude. A ses yeux, la politique était « quelque chose d’extrêmement noble », « la seule façon pour le peuple de trouver son indépendance ».
Ces dernières années, son combat s’est aussi tourné vers la défense de l’Humanité comme président, puis président d’honneur de la Société des lecteurs. « La passion de la chose politique, la combativité souriante et l’optimisme révolutionnaire ont toujours été sa marque, le message dont se souviendront ses proches et ses camarades », assure Nicolas Devers-Dreyfus, qui préside désormais cette société. Et, au terme de ce long parcours, c’est bien un chemin tracé vers l’avenir que retient Patrice Bessac, maire de Montreuil-sous-Bois et président de l’Association nationale des élus communistes et républicains : « “Le meilleur est à construire”, ces mots d’Henri Malberg illuminent sa vie, son engagement communiste. Convaincus, nous prenons le relais. »
Julia Hamlaoui, journaliste à l'Humanité
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Henri consacra sa vie aux autres, aux grands combats du siècle, aux réflexions et aux actions des forces d’émancipation dont son Parti communiste français auquel il tenait comme à la prunelle de ses yeux. De sa longue expérience de combattant, il avait conservé l’humilité et l’ardente obligation de travailler. Travailler toujours pour comprendre et faire comprendre les événements. Travailler pour expliquer ou rechercher sans cesse. Travailler pour s’ouvrir aux autres. Travailler pour développer son Parti, à Paris et ailleurs. Travailler encore quand il hérite de la direction du magazine Révolution, au moment où résonnent encore les échos révolutionnaires, et où s’organise aussi un puissant mouvement contre-révolutionnaire s’appuyant sur l’échec du soviétisme alors que partout dans le monde les forces communistes entrent dans une période d’ introspection, de réflexion et de débats intenses.
« Je suis un laborieux », répétait-il souvent. En fait, Henri cherchait en toute chose le « mieux » quand il devait produire une analyse, une intervention ou un article, préparer une initiative ou une action.
C’est au moment où l’Humanité faisait face à une grave crise, à la fin de l’année 2000, qui nous a obligés à prendre des initiatives nouvelles, que sont créées plusieurs sociétés partenaires dont la Société des lectrices et lecteurs. Henri accepta d’en prendre la présidence. Dès lors, il consacre une part importante de son temps à faire vivre le lien entre les lectrices et lecteurs et le journal, à les mobiliser pour défendre et développer notre presse avec des campagnes de souscription et d’abonnement, ou en organisant des centaines de réunions de lecteurs dans tout le pays autour du nécessaire développement de l’Humanité.
Présent à chaque conseil d’administration, à chaque conseil de surveillance, il y prenait toujours la parole pour faire partager ses expériences, rendre compte de l’activité de la société des lecteurs, produire des analyses pertinentes sur l’état de l’opinion et mener le débat d’idées. Il intervenait avec sagacité sur l’évolution de la presse, les possibilités de développement de l’Humanité et la gestion du groupe.
Sous son impulsion, la Société des lectrices et des lecteurs devient une force active pour l’Humanité, une force fédérée et vivante, avec un conseil d’administration qu’il réunit régulièrement et qui décide d’actions utiles.
Plus qu’un ami de l’Humanité, Henri aura été un acteur efficace, déterminé et optimiste du journal. Notre communauté perd un beau militant, le Parti communiste un dirigeant éminent, Paris un élu des citoyens, et notre pays l’une de ces belles personnalités attachée à la République et a la France, un animateur de l’indispensable débat d’idées, de l’action politique dans son acception la plus noble, la jeunesse un allié et un enthousiaste promoteur de l’éducation populaire. Henri aura été un exemple reconnu et respecté bien au-delà de son parti.
Avec sa famille à laquelle nous présentons nos condoléances attristées, nous portons le deuil.
Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité,
député européen
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Henri Malberg a grandi dans le XXe arrondissement de Paris, un quartier populaire qu’il n’a jamais quitté et dont il a été un élu communiste respecté de tous pendant plus de trente cinq ans. Voilà un homme qui aurait été un grand maire du XXème arondissement ! Issu d’une famille immigrée juive, il a 12 ans quand il échappe de justesse avec les siens à la rafle du Vel' d’Hiv en se cachant.
Ces vingt dernières années, il a beaucoup oeuvré à transmettre la mémoire de ces événements tragiques, notamment depuis 2001 aux côtés de Catherine Vieu-Charier à la mairie de Paris. A la Libération, il rejoint la Jeunesse communiste où il milite aux côtés d’Henri Krasucki, de Paul Laurent et tant d’autres, qui resteront des amis et des camarades de combat pour toujours.
C’est là aussi qu’il rencontre Francine avec laquelle il se marie. Ils auront deux filles, Joëlle et Christine. Jeune ouvrier, Henri devient très vite un dirigeant reconnu d’abord de la Jeunesse Communiste puis du Parti communiste. Au début des années soixante, il devient le secrétaire de Waldeck Rochet qui va succéder à Maurice Thorez au secrétariat général du Parti. A la fédération de Paris, il est responsable du travail en direction des intellectuels et est le secrétaire de la section du Vème arrondissement dans le Quartier Latin au coeur des évènements de mai-juin 68.
Elu au Comité central en 1972, il devient secrétaire de la fédération de Paris après la crise que traverse cette fédération en 1978 et qui voit le départ d’un de ses proches, Henri Fiszbin. Il sera de nombreuses années le président du groupe communiste à l’Hotel de Ville et dirigera les revues France nouvelle puis Regard.
Tout au long de sa vie, Henri aura été un homme d’ouverture, inséparablement ouvrier et intellectuel, oeuvrant activement aux transformations de son parti à partir des années 1970, mais toujours attaché à l’existence et au développement de son parti, auquel il tenait plus que tout, de manière « incorrigible » comme il l’a écrit dans son dernier livre.
Henri Malberg a été pour moi plus qu’un dirigeant. Nous étions proches dans la vie et nous partagions l’amour du Paris populaire. Il aimait parler politique, et je ne manquais jamais d’écouter ses conseils politiques avisés, toujours plein de bon sens et d’optimisme, même quand nous n’étions pas d’accord. Henri savait faire confiance, singulièrement à la jeunesse, et il croyait avec raison à l’avenir de nos idées communistes.
Nous perdons un grand homme, un communiste qui restera gravé dans nos mémoires et auquel nous devons le serment de continuer le combat auquel il a tant donné. J’aimais Henri pour tout ce qu’il était, pour sa joie de vivre et sa profonde humanité, pour son intelligence et sa culture, pour ses idées et ses combats, pour son désir de toujours avancer.
J’adresse à Marine et Zoé, ses deux petites-filles, toutes mes condoléances et mon affection la plus chère.
Pierre Laurent, secrétaire national du PCF
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Henri Malberg a inspiré des générations de militant-es, dont la mienne. Jeunes communistes, nous buvions ses paroles pour aller avec lui au communisme comme on va à la source, selon le célèbre mot de Picasso. Il considérait le capitalisme comme un système indigne de l'humain et déjà dépassé par l'histoire. Il aimait profondément la France et, nous disait-il « ce peuple qui de temps en temps pointe son nez, et alors tout bouge ».
Sa force était de projeter le communisme français vers l'avenir, le regard toujours tourné vers l'horizon, convaincu quand tant d'autres doutaient, que le communisme et le PCF sont des morceaux d'avenir, pièces indispensables de l'émancipation humaine. « Incorrigiblement communiste », comme il finira par l'écrire lui-même.
Henri était un homme d'une gentillesse et d'une bienveillance infinie, à la fois cultivé, d'une grande intelligence, ouvert aux autres et au monde, et profondément modeste. Son sourire toujours renouvelé et la jeunesse de son esprit effaçaient son âge et avaient cette incroyable capacité à rendre optimistes et généreux toutes celles et ceux qui croisaient son chemin. Le parcours de ce communiste amoureux de la vie nous inspire un profond respect, lui qui a traversé tant d'épreuves tout au long de son existence, en particulier ces dernières années avec les décès de ses filles Joëlle et Christine, et de sa femme Francine.
Enfant de juifs polonais, né dans le 20e arrondissement en 1930, Henri embrasse le combat communiste au lendemain de la libération de Paris, à 14 ans, en adhérant d'abord aux Jeunesses communistes, « son université à lui » comme il aimait le rappeler, puis au PCF.
En effet, deux ans plus tôt, sa scolarité avait été brutalement interrompue par la rafle du Vel-d'hiv à laquelle il échappe de peu. Une partie de sa famille sera tuée dans les chambres à gaz, une autre mourra dans le ghetto de Varsovie. Arrêté avec ses parents en février 43, il sera interné avec eux pendant plus d'un an au camp de Douadic. Rescapé, de retour à Paris avec sa famille, Henri travaille comme pareur de peaux avec son père.
Puis, comme fraiseur, il fait l'expérience de la solidarité ouvrière des métallos de la région parisienne qui l'accueillent à l'usine « à bras ouverts ». Il trouvera au sein du parti communiste, comme tant d'autres jeunes ouvriers de son temps, une formidable école et deviendra rapidement cet intellectuel si apprécié des militants, capable en peu de mots de brosser l'état de la France et du monde, de porter les aspirations des travailleurs, du peuple, dans le débat public et d'agir pour de nouvelles conquêtes sociales.
Sa contribution au rayonnement de notre parti et des idées communistes est immense. Profondément internationaliste, Henri travaille lors de ses premières années d'engagement à l’organisation de plusieurs Festivals mondiaux de la jeunesse, devenant un militant infatigable de la paix, engagé avec détermination contre les guerres coloniales. Ensuite jeune secrétaire politique de Waldeck Rochet, il prend en charge, à seulement 36 ans, fin 1966, le secteur des intellectuels au bureau de la Fédération de Paris du PCF dont il deviendra le premier secrétaire en 1979, succédant à Henri Fizbin. Il assumera ce poste jusqu'en 1995.
Au cœur de son engagement, on retrouve également le développement de la presse communiste. Il participe d'abord à la direction de l'hebdomadaire France Nouvelle puis à celle de Regards et multipliera par la suite les interventions pour la défense et la promotion de l'Humanité en tant que président de la société des lectrices et lecteurs du journal.
Elu conseiller municipal du XXe arrondissement en 1965, il devient président du groupe communiste au Conseil de Paris en 1989. Son combat pour Paris était tout entier consacré à la défense des classes populaires contre la spéculation, portant la conception d'une ville vivante, riche de la diversité de ses habitant-es, de ses travailleurs. C'est avec cette ambition pour son arrondissement et sa ville qu'il fut un artisan de la victoire de la gauche dans la capitale en contribuant dès 1995 au basculement à gauche de six mairies d'arrondissement. La politique sociale menée aujourd'hui par la majorité municipale, sous l'impulsion des communistes, doit beaucoup à ses combats.
Toutes ces dernières années, Henri n'a cessé de militer avec un souffle incroyable, multipliant les interventions pour la promotion du journal l'Humanité, pour transmettre son expérience aux nouveaux adhérents du PCF, particulièrement aux nouvelles générations, pour écrire ce qu'il a retenu du siècle précédent, du rôle du PCF dans les combats émancipateurs, et pour connecter la réflexion et l'action de son parti aux apports actuels de la pensée critique et aux défis de notre siècle. Jusqu'à son dernier souffle il a pensé que le communisme était une idée d'avenir.
Le décès d'Henri Malberg est une perte immense pour notre parti et pour sa ville, Paris, pour les parisiennes et les parisiens pour lesquels il a tant œuvré. Je veux assurer sa famille, ses petites-filles Marine et Zoé Malberg, ses proches, en particulier Catherine Vieu-Charier, de mes plus sincères condoléances. À tous mes camarades qui le pleurent, je souhaite qu'ils trouveront un peu de réconfort dans ces quelques mots que je l'imagine nous murmurer pour nous donner la force d'affronter sa disparition : « Les mauvais jours finiront. »
Igor Zamichiei, secrétaire de la Fédération de Paris du PCF
L'HOMMAGE au siège du Parti communiste français.