Assemblée générale du 4 décembre 2021 : les nouvelles formules de l’Humanité
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Jeudi 10
FÉVRIER 2022
FÉVRIER 2022
Quelques éléments d’introduction à un moment important pour les équipes de l’Humanité et sans nul doute pour vous qui avez constitué un comité de la Société des lectrices et des lecteurs, puisque cette création coïncide avec le lancement d’une offre entièrement repensée de l’Humanité, tant pour le journal quotidien que pour le magazine hebdomadaire et la plateforme numérique. La question qu’on peut se poser, c’est : pourquoi refondre nos journaux, et pourquoi maintenant ?
1/ D’abord en raison du paysage de la presse qui évolue fortement. Un paysage où s’opère depuis quelques années, à côté de nous, une gigantesque concentration de la presse et des médias aux mains d’un tout petit nombre de groupes. Ce mouvement est mondial, et il va certainement se poursuivre. Aux Etats-Unis, 90 % des médias sont la propriété de six groupes, alors qu’ils étaient encore cinquante il y a trente ans. Chez nous, le nombre d’éditeurs a baissé de 18 % en l’espace de seulement six ans, entre 2011 et 2017. Si l’on fait un tour du panorama, qu’observe-t-on ? Le Parisien-Aujourd’hui en France est la propriété de LVMH, le groupe de luxe du multimilliardaire Bernard Arnault, qui est aussi propriétaire du quotidien économique patronal Les Echos.
Le Monde a pour actionnaires principaux Xavier Niel, le patron de Free, et le milliardaire tchèque Kretinsky, c'est-à-dire, d’un côté, un opérateur de télécoms, et de l’autre un magnat du charbon. Par ricochet, Niel et Kretinsky sont aussi actionnaires des autres publications du groupe Le Monde, dont l’Obs, Courrier international, Télérama, Le Monde diplomatique… Kretinsky est aussi présent dans le capital de plusieurs médias comme Marianne, Elle, Les Inrocks, Vice, Le Huffington Post, ou bien encore Radio Nova.
Jusqu’à récemment, c’était Patrick Drahi qui était derrière Libération, avant qu’il ne laisse tomber le journal comme un vieux Kleenex, lassé d’avoir à injecter de l’argent dans une entreprise qui ne lui rapportait pas. Ce désengagement a été déguisé en solution à l’apparence d’indépendance retrouvée du journal, avec la mise sur pied d’un « fonds de dotation » abondé à hauteur de 70 millions d’euros par SFR — dont 56 millions servent à rembourser les dettes. C’était le cadeau de départ de Patrick Drahi, comme un solde de tout compte pour le journal, qui devra se débrouiller avec cette manne. Or, un journal étant une entreprise fondamentalement déficitaire – aucun ne gagne d’argent aujourd’hui sans les subventions publiques, ou via l’adossement à un grand groupe — la survie à long terme d’un titre comme Libération apparaît hypothétique sans une solide communauté de lecteurs et de soutiens arrimés à lui.
Et même avec des réseaux mobilisés, l’entreprise est compliquée, en témoignent les difficultés de l’Humanité. On peut compléter ce tour d’horizon en l’élargissant au-delà de la presse quotidienne : Pinault, par exemple, l’une des premières fortunes de France, est derrière Le Point. Enfin, Bolloré, dont on a tant parlé ces derniers mois, et qui régnait déjà sur Canal Plus, a mis la main sur Europe 1. Cela n’est pas sans conséquences sur le droit à l’information pour chaque citoyen, et la première de ces conséquences, c’est l’appauvrissement démocratique qu’entraîne l’uniformisation croissante de l’information, sous l’effet de cette concentration capitalistique de la presse et des médias.
Le Monde a pour actionnaires principaux Xavier Niel, le patron de Free, et le milliardaire tchèque Kretinsky, c'est-à-dire, d’un côté, un opérateur de télécoms, et de l’autre un magnat du charbon. Par ricochet, Niel et Kretinsky sont aussi actionnaires des autres publications du groupe Le Monde, dont l’Obs, Courrier international, Télérama, Le Monde diplomatique… Kretinsky est aussi présent dans le capital de plusieurs médias comme Marianne, Elle, Les Inrocks, Vice, Le Huffington Post, ou bien encore Radio Nova.
Jusqu’à récemment, c’était Patrick Drahi qui était derrière Libération, avant qu’il ne laisse tomber le journal comme un vieux Kleenex, lassé d’avoir à injecter de l’argent dans une entreprise qui ne lui rapportait pas. Ce désengagement a été déguisé en solution à l’apparence d’indépendance retrouvée du journal, avec la mise sur pied d’un « fonds de dotation » abondé à hauteur de 70 millions d’euros par SFR — dont 56 millions servent à rembourser les dettes. C’était le cadeau de départ de Patrick Drahi, comme un solde de tout compte pour le journal, qui devra se débrouiller avec cette manne. Or, un journal étant une entreprise fondamentalement déficitaire – aucun ne gagne d’argent aujourd’hui sans les subventions publiques, ou via l’adossement à un grand groupe — la survie à long terme d’un titre comme Libération apparaît hypothétique sans une solide communauté de lecteurs et de soutiens arrimés à lui.
Et même avec des réseaux mobilisés, l’entreprise est compliquée, en témoignent les difficultés de l’Humanité. On peut compléter ce tour d’horizon en l’élargissant au-delà de la presse quotidienne : Pinault, par exemple, l’une des premières fortunes de France, est derrière Le Point. Enfin, Bolloré, dont on a tant parlé ces derniers mois, et qui régnait déjà sur Canal Plus, a mis la main sur Europe 1. Cela n’est pas sans conséquences sur le droit à l’information pour chaque citoyen, et la première de ces conséquences, c’est l’appauvrissement démocratique qu’entraîne l’uniformisation croissante de l’information, sous l’effet de cette concentration capitalistique de la presse et des médias.
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2/ Dans ce paysage global des journaux et des médias, l’Humanité est un journal qui détonne. Pour illustrer combien cette différence est flagrante, voici quelques chiffres pris entre le 15 mai et le 15 août 2020 — je m’excuse de ne pas avoir eu le temps matériel de me livrer au même exercice cette année, mais je ne doute pas que les proportions soient à peu près identiques. Sur les gros titres de unes portant sur le monde du travail sur cette période de deux mois : on en recensait 17 pour l’Humanité, contre seulement 5 pour Libération, 4 pour Le Monde et 2 pour Le Figaro. Soit 40 % des unes de l’Humanité consacrées aux travailleurs, contre une sur dix pour Libération et moins d’une sur vingt pour Le Monde et Le Figaro. Et encore, souvent, pour ces deux derniers, ce sont des titres qui traitent de l’actualité du monde du travail vue par le prisme des patrons. Par exemple, « Le lourd tribut des grandes entreprises au Covid », pour Le Figaro. Pendant ce temps, l’Humanité titrait de son côté : « Les premiers de corvée refusent de payer la crise », ou encore « La colère sociale se déconfine », « Les salariés d’Airbus disent non au crash social », « Les travailleurs en surchauffe pendant la canicule »… Autant de problématiques et de points de vue absents des autres quotidiens.
Ce décalage est courant dans les médias, il n’est pas propre à la presse écrite, et l’Humanité fait figure de véritable exception. Et pourtant, qui est le plus en phase avec la société française ? Quand on observe par exemple, qu’en 2018, à la télévision, les ouvriers représentaient 4 % des personnes visibles à l’antenne, contre 60 % pour les cadres, alors que les ouvriers comptent encore pour un quart de la population française. On peut aussi prendre de nombreux sujets que traite l’Humanité, et qui sont quasi-introuvables dans les autres journaux :
• Par exemple, jusqu’à la crise du Covid-19, l’Humanité était seule ou presque à traiter de la situation des hôpitaux et du système de santé mis à sac par des années d’austérité. En 2019, nous avons donné quasiment tous les jours la parole aux soignants et aux patients en lutte, et le Covid-19 nous a montré à quel point nous n’avons pas survalorisé l’importance de ce sujet, mais qu’au contraire ce sont nos confrères qui l’avaient auparavant mésestimé.
Continuons :
• L’Humanité est le seul journal à avoir décrypté, point par point, les conséquences des différentes lois travail, et avoir rendu compte des luttes pour leur retrait jusqu’au dernier souffle des mobilisations.
• C’est le seul journal à s’être inscrit avec constance contre le torrent d’idées fausses et de caricatures dans le mouvement des cheminots.
• L’Humanité est le seul journal à avoir décrypté, article par article, la réforme Delevoye des retraites à points, pour permettre à chacun de juger, texte en mains.
Je pourrais multiplier les exemples : sur le mouvement des Gilets jaunes, où l’Humanité a été le seul journal ou presque que les manifestants ont considéré comme un allié parce qu’il leur rendait justice ; sur le bilan social des entreprises du CAC 40 que dresse régulièrement l’Humanité quand d’autres s’intéressent uniquement aux performances financières de ces entreprises ; sur la tentative du ministre Véran de retirer les mots « Sécurité sociale » de la Constitution, et qui a été mise en échec par les révélations de l’Humanité, etc.
L’Humanité se distingue sur tous ces sujets et bien d’autres encore — le méga-procès France Télécom, l’inspectrice du travail harcelée et poursuivie par Tefal pour avoir fait son métier, la dissimulation par Conforama de biens d’une valeur de 700 millions d’euros au détriment des salariés. Non pas que nous soyons les seuls à traiter tous ces sujets ou que les autres mentent, mais le ton et l’angle de vue que nous adoptons est différent : c’est le point de vue des travailleurs, des sans-droits qui fait souvent la une de nos journaux, quand les autres écrivent et pensent comme les « classes dirigeantes ».
Ce décalage est courant dans les médias, il n’est pas propre à la presse écrite, et l’Humanité fait figure de véritable exception. Et pourtant, qui est le plus en phase avec la société française ? Quand on observe par exemple, qu’en 2018, à la télévision, les ouvriers représentaient 4 % des personnes visibles à l’antenne, contre 60 % pour les cadres, alors que les ouvriers comptent encore pour un quart de la population française. On peut aussi prendre de nombreux sujets que traite l’Humanité, et qui sont quasi-introuvables dans les autres journaux :
• Par exemple, jusqu’à la crise du Covid-19, l’Humanité était seule ou presque à traiter de la situation des hôpitaux et du système de santé mis à sac par des années d’austérité. En 2019, nous avons donné quasiment tous les jours la parole aux soignants et aux patients en lutte, et le Covid-19 nous a montré à quel point nous n’avons pas survalorisé l’importance de ce sujet, mais qu’au contraire ce sont nos confrères qui l’avaient auparavant mésestimé.
Continuons :
• L’Humanité est le seul journal à avoir décrypté, point par point, les conséquences des différentes lois travail, et avoir rendu compte des luttes pour leur retrait jusqu’au dernier souffle des mobilisations.
• C’est le seul journal à s’être inscrit avec constance contre le torrent d’idées fausses et de caricatures dans le mouvement des cheminots.
• L’Humanité est le seul journal à avoir décrypté, article par article, la réforme Delevoye des retraites à points, pour permettre à chacun de juger, texte en mains.
Je pourrais multiplier les exemples : sur le mouvement des Gilets jaunes, où l’Humanité a été le seul journal ou presque que les manifestants ont considéré comme un allié parce qu’il leur rendait justice ; sur le bilan social des entreprises du CAC 40 que dresse régulièrement l’Humanité quand d’autres s’intéressent uniquement aux performances financières de ces entreprises ; sur la tentative du ministre Véran de retirer les mots « Sécurité sociale » de la Constitution, et qui a été mise en échec par les révélations de l’Humanité, etc.
L’Humanité se distingue sur tous ces sujets et bien d’autres encore — le méga-procès France Télécom, l’inspectrice du travail harcelée et poursuivie par Tefal pour avoir fait son métier, la dissimulation par Conforama de biens d’une valeur de 700 millions d’euros au détriment des salariés. Non pas que nous soyons les seuls à traiter tous ces sujets ou que les autres mentent, mais le ton et l’angle de vue que nous adoptons est différent : c’est le point de vue des travailleurs, des sans-droits qui fait souvent la une de nos journaux, quand les autres écrivent et pensent comme les « classes dirigeantes ».
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3/ L’autre raison qui nous pousse à refonder nos journaux, c’est la crise de confiance qui s’approfondit entre les citoyens et la presse. Pour 63 % des Français, les journalistes ne savent pas résister aux pressions politiques, tandis que 59 % estiment qu’ils ne résistent pas aux pressions de l’argent, selon le Baromètre de la confiance dans les médias. Moins d’un Français sur deux fait confiance à la presse écrite (48 %), un chiffre qui tombe à 37 % pour les sites web des journaux. Un paradoxe quand la raison d’être des journaux repose justement sur la confiance qu’ils se doivent d’inspirer dans l’information qu’ils délivrent.
Dans ce paysage, on dit souvent que l’Humanité contribue au pluralisme de la presse, mais en fait cela va bien plus loin : son existence est la condition même du pluralisme, face à une presse qui s’uniformise. Le pluralisme ne se mesure pas simplement au nombre de journaux dans les kiosques, sans tenir compte de leur contenu. Le pluralisme, c’est la variété réelle des idées et des opinions que vous trouvez dans vos journaux tous les matins. C’est cela qui permet d’avoir accès à des idées contradictoires pour se construire sa propre opinion, soupeser les arguments et les raisonnements.
Ce sont des positionnements différents d’un journal à l’autre qui permettent à la presse de jouer ce rôle de « sentinelle de la démocratie », comme disait Camille Desmoulins. En, effet, le problème n’est pas que chaque titre défende sa ligne éditoriale. Que Le Figaro penche à droite ou que Les Echos réfléchissent comme les patrons, cela fait partie du débat public. C’est un point de vue que l’on ne partage évidemment pas ici, mais il est normal dans une démocratie comme la nôtre que cette position soit défendue. Le problème, c’est quand les lignes éditoriales se ressemblent au point de ne plus faire qu’une. Quelle démocratie réelle est possible, si le citoyen se voit imposer une seule façon de penser, quel que soit le journal qu’il achète ?
Dans ce paysage, on dit souvent que l’Humanité contribue au pluralisme de la presse, mais en fait cela va bien plus loin : son existence est la condition même du pluralisme, face à une presse qui s’uniformise. Le pluralisme ne se mesure pas simplement au nombre de journaux dans les kiosques, sans tenir compte de leur contenu. Le pluralisme, c’est la variété réelle des idées et des opinions que vous trouvez dans vos journaux tous les matins. C’est cela qui permet d’avoir accès à des idées contradictoires pour se construire sa propre opinion, soupeser les arguments et les raisonnements.
Ce sont des positionnements différents d’un journal à l’autre qui permettent à la presse de jouer ce rôle de « sentinelle de la démocratie », comme disait Camille Desmoulins. En, effet, le problème n’est pas que chaque titre défende sa ligne éditoriale. Que Le Figaro penche à droite ou que Les Echos réfléchissent comme les patrons, cela fait partie du débat public. C’est un point de vue que l’on ne partage évidemment pas ici, mais il est normal dans une démocratie comme la nôtre que cette position soit défendue. Le problème, c’est quand les lignes éditoriales se ressemblent au point de ne plus faire qu’une. Quelle démocratie réelle est possible, si le citoyen se voit imposer une seule façon de penser, quel que soit le journal qu’il achète ?
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4/ Faire vivre le pluralisme ne va pas de soi. L’Humanité, vous le savez, n’est la propriété d’aucun groupe industriel ou financier. Elle ne vit que par le produit de ses ventes et de ses abonnements, les dons de ses lecteurs et de ses soutiens, ses ressources publicitaires, les aides publiques dont elle bénéficie au même titre que les autres titres de presse. Une singularité qui fait de l’Humanité un titre sans équivalent dans la presse quotidienne : à part La Croix, qui appartient au même groupe de presse depuis 1880, tous les autres titres, sans exception, sont dans les mains de grands groupes industriels et de la finance. Le point commun de ces groupes est que leur cœur de métier n’a rien à voir avec le journalisme : les journaux sont un produit comme un autre dans leur portefeuille qui leur permet de gagner, si ce n’est de l’argent, en tout cas de l’influence ou des clients pour d’autres produits — téléphonie ou autre.
Or si l’indépendance de l’Humanité est une richesse, celle-ci se paie aussi : ce prix, c’est celui de la survie financière de nos titres pour laquelle vous avez été régulièrement appelés à contribuer, puisque l’Humanité paie cette indépendance au prix d’un étranglement financier par les établissements de crédit, les annonceurs publicitaires et les grandes institutions publiques, jusqu’à l’Etat qui nous a, par exemple, refusé l’accès aux prêts garantis par l’Etat (PGE) durant la crise du Covid-19. Cette asphyxie organisée, volontaire, de l’Humanité nous a conduits plusieurs fois au bord du gouffre. Je pense en particulier à la mise en redressement judiciaire qui nous a violemment corsetés financièrement. Procédure de dernier recours pour éviter une liquidation en 2019, elle était une procédure indispensable pour garantir la poursuite de l’existence de l’Humanité, puisqu’elle nous a mis sous la protection du tribunal de commerce. Mais cette mise à l’abri de nos journaux a eu évidemment un coût très lourd à supporter : celui d’un plan de sauvetage et de retour à l’équilibre budgétaire, qui s’est traduit par une importante réduction de postes et des économies de fonctionnement qui pèsent sur nos productions.
D’autres journaux confrontés à la crise de la presse ont aussi été conduits à réduire leurs effectifs — souvent d’ailleurs sur demande de leurs actionnaires ou de nouveaux propriétaires, qui font la chasse aux « coûts salariaux ». Mais ces autres journaux peuvent aussi compter sur des opérations de recapitalisation régulières qui leur maintiennent la tête hors de l’eau et qui leur évitent les déboires financiers que nous rencontrons. A titre d’exemple, Libération, avant d’être lâchée récemment par Patrick Drahi, le patron de SFR, a été recapitalisée en 2014 à hauteur de 18 millions d’euros. Si, depuis cette date, l’Humanité avait disposé de seulement la moitié de cette somme, nos déboires seraient résolus.
Voilà, je crois, posés les termes économiques de la problématique du pluralisme et de l’existence de l’Humanité. L’indépendance a un prix élevé, celui que l’on fait payer à l’Humanité parce qu’elle refuse de devenir le jouet de puissances financières et industrielles. C’est dire combien, dans ce paysage, l’existence de l’Humanité est indispensable pour faire vivre la démocratie et le débat d’idées. Je le disais tout à l’heure, l’Humanité n’est pas un supplément d’âme au pluralisme, elle en est la condition. Sans elle, pas de réelle controverse, pas d’accès à des points de vue différents, argumentés pour se confronter au réel, et pour briser le consensus dominant.
Or si l’indépendance de l’Humanité est une richesse, celle-ci se paie aussi : ce prix, c’est celui de la survie financière de nos titres pour laquelle vous avez été régulièrement appelés à contribuer, puisque l’Humanité paie cette indépendance au prix d’un étranglement financier par les établissements de crédit, les annonceurs publicitaires et les grandes institutions publiques, jusqu’à l’Etat qui nous a, par exemple, refusé l’accès aux prêts garantis par l’Etat (PGE) durant la crise du Covid-19. Cette asphyxie organisée, volontaire, de l’Humanité nous a conduits plusieurs fois au bord du gouffre. Je pense en particulier à la mise en redressement judiciaire qui nous a violemment corsetés financièrement. Procédure de dernier recours pour éviter une liquidation en 2019, elle était une procédure indispensable pour garantir la poursuite de l’existence de l’Humanité, puisqu’elle nous a mis sous la protection du tribunal de commerce. Mais cette mise à l’abri de nos journaux a eu évidemment un coût très lourd à supporter : celui d’un plan de sauvetage et de retour à l’équilibre budgétaire, qui s’est traduit par une importante réduction de postes et des économies de fonctionnement qui pèsent sur nos productions.
D’autres journaux confrontés à la crise de la presse ont aussi été conduits à réduire leurs effectifs — souvent d’ailleurs sur demande de leurs actionnaires ou de nouveaux propriétaires, qui font la chasse aux « coûts salariaux ». Mais ces autres journaux peuvent aussi compter sur des opérations de recapitalisation régulières qui leur maintiennent la tête hors de l’eau et qui leur évitent les déboires financiers que nous rencontrons. A titre d’exemple, Libération, avant d’être lâchée récemment par Patrick Drahi, le patron de SFR, a été recapitalisée en 2014 à hauteur de 18 millions d’euros. Si, depuis cette date, l’Humanité avait disposé de seulement la moitié de cette somme, nos déboires seraient résolus.
Voilà, je crois, posés les termes économiques de la problématique du pluralisme et de l’existence de l’Humanité. L’indépendance a un prix élevé, celui que l’on fait payer à l’Humanité parce qu’elle refuse de devenir le jouet de puissances financières et industrielles. C’est dire combien, dans ce paysage, l’existence de l’Humanité est indispensable pour faire vivre la démocratie et le débat d’idées. Je le disais tout à l’heure, l’Humanité n’est pas un supplément d’âme au pluralisme, elle en est la condition. Sans elle, pas de réelle controverse, pas d’accès à des points de vue différents, argumentés pour se confronter au réel, et pour briser le consensus dominant.
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5/ Alors, quels sont les défis à relever pour nos nouveaux journaux ? L’Humanité ne vit pas en vase clos, elle évolue dans un paysage de la presse écrite en crise, dans lequel interviennent aussi les bouleversements numériques qui chamboulent toute l’organisation de la production, de l’information et, au-delà, les habitudes de lecture et tout le modèle économique des journaux. C’est donc à la confluence de plusieurs crises, qui s’imbriquent les unes dans les autres, que nous devons trouver des solutions pour développer et donner un nouvel essor à nos journaux et aux idées qu’ils portent. Crise technologique, avec la numérisation accélérée des contenus des journaux ; crise culturelle, avec le changement des habitudes de lecture et le délaissement de la presse imprimée par les nouvelles générations, le développement d’une culture zapping de l’information disponible en masse, dans laquelle se dissout la fidélité à un titre de presse ; crise économique, puisque, à ce jour, aucun modèle économique viable alternatif au papier n’a vu le jour permettant aux journaux d’assurer leur équilibre dans ce nouvel environnement ; enfin, crise démocratique, avec le discrédit des médias et de toute parole publique en général, discrédit auquel l’Humanité n’échappe pas totalement. A cela, qui frappe tous les journaux, s’ajoute singulièrement pour nous la crise de la gauche, dont la faiblesse ainsi que l’absence d’espérance sociale victorieuse se ressentent sur la courbe de diffusion de nos journaux.
En même temps, l’Humanité, ses journaux, sa plateforme numérique et sa Fête ne manquent pas d’atout pour relever les défis. Le premier d’entre eux est une communauté de lecteurs et de soutiens très mobilisée pour la lecture et la diffusion de l’Humanité, parmi lesquels les communistes figurent au premier chef. Le second atout est sa ligne éditoriale, son identité de journal communiste tout à la fois ouvert à l’expression de la diversité des courants progressistes et à toutes les idées susceptibles de faire avancer la construction d’un projet révolutionnaire, sa contribution au rassemblement en ce sens en favorisant la confrontation des opinions, et évidemment son rôle d’indispensable relais des luttes et des perspectives nouvelles qu’elles ouvrent. A ce jour, aucun autre journal ne remplit la fonction de l’Humanité à gauche et dans le champ social. Il existe bien des titres de presse se revendiquant de la gauche transformatrice, mais aucun ne se réclame du communisme, et aucun ne couvre le champ de l’Humanité en termes d’offre éditoriale complète, avec un quotidien national décliné en papier et en numérique, et un hebdomadaire à fort tirage.
C’est une chance pour nous de disposer de cet outil quasi-unique au monde désormais : ces journaux au service du combat social et politique des classes exploitées, pour s’adresser à de nouveaux pans de la société et les gagner aux idées communistes et d’émancipation. Mais pour cela, nous avons besoin de journaux et de magazines qui collent davantage aux attentes des travailleurs et des classes populaires, dans un univers « ultra-concurrentiel » — si je peux me permettre d’employer ce mot. On trouve de tout sur le web, et la plupart du temps de façon gratuite. L’enjeu n’est donc plus pour le citoyen d’accéder à l’information par nos journaux, mais de trier, de hiérarchiser, et de trouver des clés de compréhension plutôt que du prêt-à-penser et des opinions toutes faites. Et, par-dessus tout, il faut offrir une information de qualité, originale et utile, avec beaucoup de « valeur ajoutée » à l’information brute, pour que cela justifie de payer chaque jour pour s’informer dans l’océan de gratuit qui menace de submerger les quotidiens généralistes.
En même temps, l’Humanité, ses journaux, sa plateforme numérique et sa Fête ne manquent pas d’atout pour relever les défis. Le premier d’entre eux est une communauté de lecteurs et de soutiens très mobilisée pour la lecture et la diffusion de l’Humanité, parmi lesquels les communistes figurent au premier chef. Le second atout est sa ligne éditoriale, son identité de journal communiste tout à la fois ouvert à l’expression de la diversité des courants progressistes et à toutes les idées susceptibles de faire avancer la construction d’un projet révolutionnaire, sa contribution au rassemblement en ce sens en favorisant la confrontation des opinions, et évidemment son rôle d’indispensable relais des luttes et des perspectives nouvelles qu’elles ouvrent. A ce jour, aucun autre journal ne remplit la fonction de l’Humanité à gauche et dans le champ social. Il existe bien des titres de presse se revendiquant de la gauche transformatrice, mais aucun ne se réclame du communisme, et aucun ne couvre le champ de l’Humanité en termes d’offre éditoriale complète, avec un quotidien national décliné en papier et en numérique, et un hebdomadaire à fort tirage.
C’est une chance pour nous de disposer de cet outil quasi-unique au monde désormais : ces journaux au service du combat social et politique des classes exploitées, pour s’adresser à de nouveaux pans de la société et les gagner aux idées communistes et d’émancipation. Mais pour cela, nous avons besoin de journaux et de magazines qui collent davantage aux attentes des travailleurs et des classes populaires, dans un univers « ultra-concurrentiel » — si je peux me permettre d’employer ce mot. On trouve de tout sur le web, et la plupart du temps de façon gratuite. L’enjeu n’est donc plus pour le citoyen d’accéder à l’information par nos journaux, mais de trier, de hiérarchiser, et de trouver des clés de compréhension plutôt que du prêt-à-penser et des opinions toutes faites. Et, par-dessus tout, il faut offrir une information de qualité, originale et utile, avec beaucoup de « valeur ajoutée » à l’information brute, pour que cela justifie de payer chaque jour pour s’informer dans l’océan de gratuit qui menace de submerger les quotidiens généralistes.
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6/ C’est pour toutes ces raisons que nous avons décidé de proposer une nouvelle offre de l’Humanité. Il s’agit d’une offre qui veut faire plus de place dans ses pages aux femmes et aux hommes qui luttent et réfléchissent pour changer le monde, plus de place aux échanges et à l’interactivité avec les lectrices et les lecteurs, plus de reportages et d’enquêtes de terrain, de récit, d’humanité vivante et diverse, ce qui est bien la raison d’être fondamentale de journaux et magazines qui portent ce beau nom de l’Humanité. Evidemment, c’est une équation difficile à résoudre que de vouloir faire ce saut qualitatif dans l’information en n’augmentant pas nos coûts, car cela va demander davantage d’investissement humain, d’investissement personnel à chacune et chacun des journalistes de l’Humanité. Mais nous sommes convaincus que ce travail pour rehausser la qualité et l’utilité de nos journaux est possible et payant, car il existe une attente pour cela, et que l’on peut compter sur un lectorat mobilisé pour faire découvrir nos journaux, afin de convaincre et gagner de nouveaux lecteurs.
Il ressort ainsi d’une enquête que nous avons réalisée avec l’Ifop que 14 % des Français se disent intéressés par la découverte de nos journaux : 14 %, soit 7 millions de personnes, c’est considérable, la marge de progression est là. Parmi ces 7 millions de Français intéressés par l’Humanité, 30 % (soit 2 millions) seraient prêts à payer pour la lire, 5 % (soit 350 000, dix fois notre tirage quotidien actuel) seraient même prêts à dépenser plus de dix euros par mois. Imaginons : si seulement un centième de ces 5 % franchissait le pas, cela représenterait 3 500 abonnements supplémentaires ; fidéliser un dixième de ces 5 % permettrait de doubler notre nombre d’abonnés et mettrait nos journaux durablement à l’abri des difficultés, celles-ci ne sont donc pas insurmontables. A condition de proposer des journaux qui répondent aux exigences nouvelles de ce public qui regarde vers nous avec intérêt.
C’est le défi qui est devant nous, et que nous proposons de relever avec le concours de chacune et chacun d’entre vous. Nous avons estimé en effet que nous ne pouvions pas attendre une hypothétique fin de l’épidémie pour nous lancer dans cette tâche collective. Au contraire, nous pensons que c’est le bon moment pour redessiner un avenir pour l’Humanité, après plusieurs années d’épreuves que nous avons réussi à surmonter, mais qui ne sont pas terminées. Il faut maintenant non seulement sortir de cette situation, mais aller plus loin pour mieux asseoir la légitimité de nos titres dans le paysage médiatique, en démontrer concrètement l’utilité et développer leur diffusion et leur aura. C’est-à-dire sortir d’une démarche de survie, pour construire du neuf et donner une nouvelle vie à nos journaux, mieux identifiés par leurs lecteurs et lectrices potentielles, des journaux plus rigoureux, plus incitatifs, plus ambitieux.
Si la tendance globale n’est pas très favorable à la presse et au pluralisme, on constate de nombreux signes d’un appétit réel pour la lecture et pour nos titres. Ainsi, nous avons gagné de nouveaux lecteurs ces dernières années : ces progrès sont tirés notamment par le numérique - ce qui peut poser d’autres problèmes financiers puisque le prix moyen d’un abonnement y est plus faible - mais cela prouve du point de vue éditorial qu’il y a bien un espace pour nous développer. Notre site Internet gagne sans cesse de l’audience supplémentaire, et ces transformations des usages vont d’ailleurs se poursuivre : 65 % des gens qui lisent la presse le font sur écran, dont 41 % sur leur mobile.
Nos titres ont donc besoin de trouver un nouveau souffle, presque une deuxième vie, dans cette période historique à bien des égards. Les crises sociales, environnementales, politiques qui vont en s’accélérant peuvent mener au pire, ou tout aussi bien déboucher sur de nouvelles pages de progrès social. Notre journal a un rôle stratégique à jouer dans ce contexte où les épreuves sont loin d’être terminées : en France, la menace de l’extrême droite n’est malheureusement plus un épouvantail, mais une hypothèse devenue crédible. La gauche est faible, bien souvent inaudible dans le débat public, et peine à imposer des alternatives susceptibles de mobiliser politiquement les classes populaires, en dépit des efforts méritoires déployés par les communistes et leur candidat à la présidentielle.
C’est là que nous avons un rôle essentiel à jouer, notamment avec notre hebdomadaire que l’on doit penser comme un magazine très grand public, qui s’appuie sur les préoccupations populaires, politise des sujets « magazine », comme nos concurrents de droite, Le Figaro Magazine pour ne citer que lui, savent très bien faire à leur façon. Aucun autre hebdo ne remplit l’espace et la fonction de l’Humanité Magazine, nous avons un vrai créneau à développer pour s’adresser à des classes populaires qui, faute de moyens ou d’habitudes de lecture, ne s’informent que par la télé ou la presse gratuite.
De la même manière, la plateforme numérique doit nous aider à rajeunir notre lectorat : tous ces jeunes qui se mobilisent en ce moment pour les droits fondamentaux, cette « génération Cop21 » doit trouver de quoi consolider ses engagements dans nos contenus. Le risque d’implosion de l’Union européenne, l’ampleur du crash social qui s’annonce, l’explosion de la pauvreté, les tensions internationales en cours confortent l’identité de nos titres, notamment de l’Humanité quotidienne et de ses priorités éditoriales.
Un boulevard s’ouvre pour montrer combien le Covid-19 a bon dos dans les offensives antisociales en cours, comme nous avons déjà commencé à le faire, et que cette pandémie est un accélérateur des crises antérieures. « Le monde d’après » a disparu des radars de la macronie et du débat public, mais pas de nos colonnes, d’où la place encore plus importante des alternatives que nous voulons développer. Mais il faut en être conscient, la période politique qui s’ouvre sera rude, c’est pourquoi nos choix de demeurer des journaux généralistes, qui laissent une grande place au sport, à la vie culturelle et artistique, qui ne sont pas seulement des loisirs mais donnent du sens et de la vie dans la période que nous traversons, sont aussi confortés. Nous voulons affronter ces défis, armés, solides, confiants dans notre capacité de produire des journaux de qualité.
Il ressort ainsi d’une enquête que nous avons réalisée avec l’Ifop que 14 % des Français se disent intéressés par la découverte de nos journaux : 14 %, soit 7 millions de personnes, c’est considérable, la marge de progression est là. Parmi ces 7 millions de Français intéressés par l’Humanité, 30 % (soit 2 millions) seraient prêts à payer pour la lire, 5 % (soit 350 000, dix fois notre tirage quotidien actuel) seraient même prêts à dépenser plus de dix euros par mois. Imaginons : si seulement un centième de ces 5 % franchissait le pas, cela représenterait 3 500 abonnements supplémentaires ; fidéliser un dixième de ces 5 % permettrait de doubler notre nombre d’abonnés et mettrait nos journaux durablement à l’abri des difficultés, celles-ci ne sont donc pas insurmontables. A condition de proposer des journaux qui répondent aux exigences nouvelles de ce public qui regarde vers nous avec intérêt.
C’est le défi qui est devant nous, et que nous proposons de relever avec le concours de chacune et chacun d’entre vous. Nous avons estimé en effet que nous ne pouvions pas attendre une hypothétique fin de l’épidémie pour nous lancer dans cette tâche collective. Au contraire, nous pensons que c’est le bon moment pour redessiner un avenir pour l’Humanité, après plusieurs années d’épreuves que nous avons réussi à surmonter, mais qui ne sont pas terminées. Il faut maintenant non seulement sortir de cette situation, mais aller plus loin pour mieux asseoir la légitimité de nos titres dans le paysage médiatique, en démontrer concrètement l’utilité et développer leur diffusion et leur aura. C’est-à-dire sortir d’une démarche de survie, pour construire du neuf et donner une nouvelle vie à nos journaux, mieux identifiés par leurs lecteurs et lectrices potentielles, des journaux plus rigoureux, plus incitatifs, plus ambitieux.
Si la tendance globale n’est pas très favorable à la presse et au pluralisme, on constate de nombreux signes d’un appétit réel pour la lecture et pour nos titres. Ainsi, nous avons gagné de nouveaux lecteurs ces dernières années : ces progrès sont tirés notamment par le numérique - ce qui peut poser d’autres problèmes financiers puisque le prix moyen d’un abonnement y est plus faible - mais cela prouve du point de vue éditorial qu’il y a bien un espace pour nous développer. Notre site Internet gagne sans cesse de l’audience supplémentaire, et ces transformations des usages vont d’ailleurs se poursuivre : 65 % des gens qui lisent la presse le font sur écran, dont 41 % sur leur mobile.
Nos titres ont donc besoin de trouver un nouveau souffle, presque une deuxième vie, dans cette période historique à bien des égards. Les crises sociales, environnementales, politiques qui vont en s’accélérant peuvent mener au pire, ou tout aussi bien déboucher sur de nouvelles pages de progrès social. Notre journal a un rôle stratégique à jouer dans ce contexte où les épreuves sont loin d’être terminées : en France, la menace de l’extrême droite n’est malheureusement plus un épouvantail, mais une hypothèse devenue crédible. La gauche est faible, bien souvent inaudible dans le débat public, et peine à imposer des alternatives susceptibles de mobiliser politiquement les classes populaires, en dépit des efforts méritoires déployés par les communistes et leur candidat à la présidentielle.
C’est là que nous avons un rôle essentiel à jouer, notamment avec notre hebdomadaire que l’on doit penser comme un magazine très grand public, qui s’appuie sur les préoccupations populaires, politise des sujets « magazine », comme nos concurrents de droite, Le Figaro Magazine pour ne citer que lui, savent très bien faire à leur façon. Aucun autre hebdo ne remplit l’espace et la fonction de l’Humanité Magazine, nous avons un vrai créneau à développer pour s’adresser à des classes populaires qui, faute de moyens ou d’habitudes de lecture, ne s’informent que par la télé ou la presse gratuite.
De la même manière, la plateforme numérique doit nous aider à rajeunir notre lectorat : tous ces jeunes qui se mobilisent en ce moment pour les droits fondamentaux, cette « génération Cop21 » doit trouver de quoi consolider ses engagements dans nos contenus. Le risque d’implosion de l’Union européenne, l’ampleur du crash social qui s’annonce, l’explosion de la pauvreté, les tensions internationales en cours confortent l’identité de nos titres, notamment de l’Humanité quotidienne et de ses priorités éditoriales.
Un boulevard s’ouvre pour montrer combien le Covid-19 a bon dos dans les offensives antisociales en cours, comme nous avons déjà commencé à le faire, et que cette pandémie est un accélérateur des crises antérieures. « Le monde d’après » a disparu des radars de la macronie et du débat public, mais pas de nos colonnes, d’où la place encore plus importante des alternatives que nous voulons développer. Mais il faut en être conscient, la période politique qui s’ouvre sera rude, c’est pourquoi nos choix de demeurer des journaux généralistes, qui laissent une grande place au sport, à la vie culturelle et artistique, qui ne sont pas seulement des loisirs mais donnent du sens et de la vie dans la période que nous traversons, sont aussi confortés. Nous voulons affronter ces défis, armés, solides, confiants dans notre capacité de produire des journaux de qualité.
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7/ Venons-en maintenant à nos nouvelles formules. La ligne éditoriale de nos journaux n’a pas changé. L’Humanité et l’Humanité Magazine sont des journaux communistes, qui s’adressent à toutes celles et ceux qui ne résignent pas au monde tel qu’il est, avec ses inégalités, ses guerres, et même son obscurantisme. L’Humanité veut s’adresser à tous ceux qui s’investissent dans la vie publique, qui militent pour changer la société, qu’il s’agisse d’un engagement syndical, associatif, culturel, politique, féministe, ou souvent plusieurs engagements à la fois. A ceux aussi qui ne se reconnaissent pas forcément dans le mot communisme, mais qui peuvent se retrouver dans ce projet politique qui reste toujours à repenser pour affronter les temps présents ; aux militants communistes, mais pas uniquement. C’est le sens du journal de Jaurès, qui est « de chercher la vérité et de la dire », de débroussailler le chemin d’un monde meilleur, d’offrir à tous les connaissances pour pouvoir agir, s’intéresser à ce qui unit l’humanité, et non ce qui la divise.
La « communauté l'Humanité », à savoir ses lecteurs les plus engagés dans sa lecture et sa diffusion, ont parfois des attentes différentes. Mais toutes et tous ont besoin d’un titre indépendant du pouvoir et des puissances financières, d’un titre qui les informe différemment du flot d’information en continu et qui, dans cette période de « confusionnisme », représente une ancre avec des valeurs solides, tout en sachant s’intéresser à ce qui bouge dans la société, sans œillères ni naïveté. J’insiste là-dessus, car ce n’est pas un choix anodin : face à nos difficultés financières, le choix aurait pu être fait de concentrer nos forces uniquement sur l’actualité sociale et politique. Ce n’est pas celui que nous faisons, parce que nous sommes intimement convaincus que la presse, et l’Humanité en particulier, sont d’abord un vecteur de savoir partagé, et un moteur puissant d’émancipation.
Le maître-mot de ces nouvelles formules, c’est aussi le choix d’« incarner » davantage nos sujets dans des figures de salariés, de tous ces gens dont les autres médias ne parlent pas, pour faire partager leurs luttes et leurs difficultés mais aussi leurs espoirs. Par l’expression « incarner » nos sujets, nous voulons dire que nous entendons rester ce journal des idées et des alternatives, des mouvements collectifs, mais de manière moins aride et théorique pour l’incarner dans des visages, des histoires dans lesquelles on veut emmener nos lecteurs, des reportages de terrain, des découvertes, des expériences, et faire moins de « journalisme de bureau », écrit avec les dépêches et le téléphone. Cela implique de donner le temps à chaque journaliste de le faire, et de trouver des moyens pour financer tous ces reportages, cela ne va pas être facile mais on va essayer.
La « communauté l'Humanité », à savoir ses lecteurs les plus engagés dans sa lecture et sa diffusion, ont parfois des attentes différentes. Mais toutes et tous ont besoin d’un titre indépendant du pouvoir et des puissances financières, d’un titre qui les informe différemment du flot d’information en continu et qui, dans cette période de « confusionnisme », représente une ancre avec des valeurs solides, tout en sachant s’intéresser à ce qui bouge dans la société, sans œillères ni naïveté. J’insiste là-dessus, car ce n’est pas un choix anodin : face à nos difficultés financières, le choix aurait pu être fait de concentrer nos forces uniquement sur l’actualité sociale et politique. Ce n’est pas celui que nous faisons, parce que nous sommes intimement convaincus que la presse, et l’Humanité en particulier, sont d’abord un vecteur de savoir partagé, et un moteur puissant d’émancipation.
Le maître-mot de ces nouvelles formules, c’est aussi le choix d’« incarner » davantage nos sujets dans des figures de salariés, de tous ces gens dont les autres médias ne parlent pas, pour faire partager leurs luttes et leurs difficultés mais aussi leurs espoirs. Par l’expression « incarner » nos sujets, nous voulons dire que nous entendons rester ce journal des idées et des alternatives, des mouvements collectifs, mais de manière moins aride et théorique pour l’incarner dans des visages, des histoires dans lesquelles on veut emmener nos lecteurs, des reportages de terrain, des découvertes, des expériences, et faire moins de « journalisme de bureau », écrit avec les dépêches et le téléphone. Cela implique de donner le temps à chaque journaliste de le faire, et de trouver des moyens pour financer tous ces reportages, cela ne va pas être facile mais on va essayer.
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8/ Concrètement, concernant les changements principaux dans l’Humanité quotidienne. On a voulu moderniser la maquette, en la rendant plus dynamique, plus élégante, plus ronde dans la typographie, avec plus de respiration, plus de blanc autour des articles. Nous avons aussi réadapté sa structuration, en arrêtant avec l’enfilade de rubriques qui était pensée au départ pour un journal de 28 à 32 pages, alors qu’il n’en compte en réalité que 24 à 28 pages. C’est un des changements principaux, nous avons réorganisé le journal autour de quatre grandes rubriques thématiques au lieu de six : Politique et société, Capital-travail, qu’on a voulu mettre davantage en valeur au milieu du journal, Monde, et Culture & savoirs, pour mieux hiérarchiser l’information et la plus-value de nos contenus, et surtout assouplir le rythme du journal, le rendre moins congestionné, moins étriqué dans ses pages et moins sautillant d’une rubrique à l’autre. Dans chacun de ces quatre espaces, pourront être accueillis des sujets Planète avec un logo identifiable, au lieu d’être rangés jusqu’à maintenant dans une rubrique à part.
L’autre grand changement, c’est le retour en début de journal des pages événement, désormais nommées Premier plan, et la création d’une page Humanités juste derrière, page qui accueille le dessin de presse et des petits modules éditorialisés en fusionnant la page 2 et la der de l’ancienne formule, ce qui permet de gagner de l’espace pour les autres rubriques. Un autre grand changement concerne la page des Débats : cela faisait plusieurs années qu’on trouvait l’ancienne double page Débats trop aride visuellement, beaucoup la trouvait indigeste, trop longue et difficile à lire. Pour autant, on a voulu continuer de consacrer un espace fort au débat, à la controverse, c’est pourquoi on a cherché un mode de traitement qui pourrait identifier l’Humanité sur ce sujet, mais de manière plus incisive, plus dynamique.
On a donc choisi d’y consacrer l’avant-dernière page, qui est une page importante dans un quotidien : une question claire, deux réponses, qui peuvent à la fois mettre en valeur deux points de vue totalement opposés, mais aussi apporter des nuances de jugement sur des préoccupations communes. On a testé à peu près tous les sujets des anciennes pages Débats, ils sont transposables dans ce format. On garde également l’Humanité des Débats du vendredi, mais en y apportant des retouches. Elle s’ouvre désormais à la fin du journal par une table ronde qu’on appellera Agora, qui sera plus vivante, plus directe et interactive, en privilégiant la rencontre réelle, avec des invités en présence les uns en face des autres, plutôt que des entretiens par téléphone, plus faciles à caler mais plus artificiels aussi dans les échanges.
On y trouvera aussi plus de place faite aux tribunes libres et au courrier des lecteurs. On a cherché également le module qui devait faire la « marque de fabrique » de la nouvelle formule, que nous voulons mieux identifier, avec des sujets là encore plus « incarnés » dans des personnages et des parcours, des expériences. On a donc décidé qu’en dernière page, on trouvera chaque jour un module baptisé « Un jour avec ». Cela peut être aussi bien « un jour avec » un gréviste de la faim à Calais, un éboueur de Marseille, un responsable associatif, un jeune militant pour le climat, un député qui passe la nuit dans un hosto, un militant en campagne, un metteur en scène en répétition générale, mais aussi des sujets internationaux, comme un jeune Palestinien dans le quartier de Sheikh Jarrah qui cristallise les tensions, ou une femme afghane dans Kaboul aux mains des talibans, comme nous l’avons fait récemment.
On propose enfin, dans les pages Capital-travail, des modules brefs baptisés « En lutte » pour se faire l’écho de davantage de batailles, y compris celles qu’on n’a pas les moyens de couvrir, mais qui méritent qu’on les médiatise. Et puis un agenda social évolutif, chargé d’annoncer les mobilisations. Enfin nous accueillons de nouveaux chroniqueurs et chroniqueuses, au profil plus diversifié, rajeuni et féminisé. La géographe Charlotte Recoquillon tient désormais une chronique géopolitique dans les pages Monde. Mejdaline Mhiri, journaliste sportive et quasiment seule femme chroniqueuse de match à la télévision, tient la sienne dans les pages Sports. Une chronique féministe a été aussi introduite, écrite par l’avocate de l’association Osez le féminisme, Violaine de Filippis. Et vous avez sans doute remarqué la chronique de Sylvestre Huet, journaliste et blogueur scientifique renommé, dans nos nouvelles pages Sciences du mardi.
L’autre grand changement, c’est le retour en début de journal des pages événement, désormais nommées Premier plan, et la création d’une page Humanités juste derrière, page qui accueille le dessin de presse et des petits modules éditorialisés en fusionnant la page 2 et la der de l’ancienne formule, ce qui permet de gagner de l’espace pour les autres rubriques. Un autre grand changement concerne la page des Débats : cela faisait plusieurs années qu’on trouvait l’ancienne double page Débats trop aride visuellement, beaucoup la trouvait indigeste, trop longue et difficile à lire. Pour autant, on a voulu continuer de consacrer un espace fort au débat, à la controverse, c’est pourquoi on a cherché un mode de traitement qui pourrait identifier l’Humanité sur ce sujet, mais de manière plus incisive, plus dynamique.
On a donc choisi d’y consacrer l’avant-dernière page, qui est une page importante dans un quotidien : une question claire, deux réponses, qui peuvent à la fois mettre en valeur deux points de vue totalement opposés, mais aussi apporter des nuances de jugement sur des préoccupations communes. On a testé à peu près tous les sujets des anciennes pages Débats, ils sont transposables dans ce format. On garde également l’Humanité des Débats du vendredi, mais en y apportant des retouches. Elle s’ouvre désormais à la fin du journal par une table ronde qu’on appellera Agora, qui sera plus vivante, plus directe et interactive, en privilégiant la rencontre réelle, avec des invités en présence les uns en face des autres, plutôt que des entretiens par téléphone, plus faciles à caler mais plus artificiels aussi dans les échanges.
On y trouvera aussi plus de place faite aux tribunes libres et au courrier des lecteurs. On a cherché également le module qui devait faire la « marque de fabrique » de la nouvelle formule, que nous voulons mieux identifier, avec des sujets là encore plus « incarnés » dans des personnages et des parcours, des expériences. On a donc décidé qu’en dernière page, on trouvera chaque jour un module baptisé « Un jour avec ». Cela peut être aussi bien « un jour avec » un gréviste de la faim à Calais, un éboueur de Marseille, un responsable associatif, un jeune militant pour le climat, un député qui passe la nuit dans un hosto, un militant en campagne, un metteur en scène en répétition générale, mais aussi des sujets internationaux, comme un jeune Palestinien dans le quartier de Sheikh Jarrah qui cristallise les tensions, ou une femme afghane dans Kaboul aux mains des talibans, comme nous l’avons fait récemment.
On propose enfin, dans les pages Capital-travail, des modules brefs baptisés « En lutte » pour se faire l’écho de davantage de batailles, y compris celles qu’on n’a pas les moyens de couvrir, mais qui méritent qu’on les médiatise. Et puis un agenda social évolutif, chargé d’annoncer les mobilisations. Enfin nous accueillons de nouveaux chroniqueurs et chroniqueuses, au profil plus diversifié, rajeuni et féminisé. La géographe Charlotte Recoquillon tient désormais une chronique géopolitique dans les pages Monde. Mejdaline Mhiri, journaliste sportive et quasiment seule femme chroniqueuse de match à la télévision, tient la sienne dans les pages Sports. Une chronique féministe a été aussi introduite, écrite par l’avocate de l’association Osez le féminisme, Violaine de Filippis. Et vous avez sans doute remarqué la chronique de Sylvestre Huet, journaliste et blogueur scientifique renommé, dans nos nouvelles pages Sciences du mardi.
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9/ Enfin, concernant les changements dans l’hebdomadaire. Cela commence par son nom, puisque nous avons voulu aller plus loin qu’une simple nouvelle formule en proposant véritablement un nouvel hebdo. C’est pour marquer cette nouveauté et ce changement qu’on a décidé de le rebaptiser l'Humanité Magazine. Au moment de repenser notre hebdomadaire, on a eu d’ailleurs un petit débat, et c’est bien normal, sur le choix qui se posait à nous. Voulions-nous faire un « news » magazine qui cogne, façon Le Point ou Marianne mais en version communiste, ou au contraire proposer un magazine plus posé, qui assume la prise de distance avec l’actualité immédiate ? On a estimé qu’il fallait aller jusqu’au bout du choix du magazine intergénérationnel, familial, qui était celui à l’origine de la recréation de l’Humanité Dimanche il y a seize ans, mais dont on s’était un peu écarté, et qu’il fallait beaucoup moderniser.
On a donc choisi de concevoir ce nouvel hebdo comme un magazine qui assume, vraiment, de prendre du recul sur l’actualité, mais sans aseptiser son contenu pour autant. On pense qu’il peut cibler un plus grand public, plus populaire aussi, qui fait en quelque sorte « de la politique sans le savoir », c’est-à-dire un public moins directement intéressé par le PCF et l’actualité des partis, mais dont la ligne éditoriale communiste, au sens large, correspond à ses valeurs. Un hebdo familial, d’éducation populaire avec des sujets très pédagogiques, plus grand public, plus féminin, qui fasse mieux écho aux préoccupations populaires. Un magazine du pas de côté, du temps long, de la découverte, des services qui augmentent en volume.
Pour cela, on a choisi une marque de fabrique de ce nouveau magazine dont on a voulu que cela se voie dans sa maquette, en organisant ses pages selon le « mode de traitement » des sujets. Dit autrement, cela veut dire que l’on ne part plus simplement d’un sujet, mais qu’on choisit les articles aussi selon leur mode d’écriture : on trouve ainsi dès le début du magazine l’histoire de la semaine qui est un récit, mais aussi le reportage, l’enquête, la rencontre, le décryptage... Il nous semble que s’efforcer systématiquement à cet exercice permet de rompre avec la monotonie du journal, de gagner en qualité d’écriture, et en variété pour nos lecteurs. On a donc été au bout de ce choix dans les maquettes de l’Humanité Magazine, qui ne sont plus structurées par séquence correspondant aux rubriques de la rédaction, mais en grandes parties ouvertes par des grands à-plats de couleur selon les modes de traitement, et notamment la première partie, avec l’histoire de la semaine, un grand récit qui court sur plusieurs pages.
Une autre marque de fabrique, là aussi, comme dans le quotidien, et c’est ce qui fait le trait d’union avec lui, c’est à nouveau « l’incarnation » de nos récits ou de nos enquêtes dans des « personnages », des histoires singulières, ce que l’on a voulu traduire au travers de la place faite à la photo, avec la possibilité d’accueillir de grands portfolios, qui sont des reportages en images avec très peu de textes que l’on trouvera de temps en temps. On a aussi voulu donner beaucoup plus de place, et de visibilité à la culture, aux médias, à la vie des idées, aux services, aux jeux, à la vie quotidienne. Et puis nous avons renouvelé et féminisé nos chroniques — l’Humanité Dimanche comptait jusqu’à présent quatre chroniqueurs, tous des hommes (Francis Wurtz, Gérard Filoche, Jean-Christophe Le Duigou, Gérard Le Puill).
On a conservé le premier dans le magazine car ses écrits sont très appréciés et offrent un regard sans équivalent sur l’Europe, les autres se poursuivront sur Internet. Nous atteignons désormais la parité, avec deux femmes et deux hommes : Barbara Cassin, qui est la première académicienne à tenir une chronique dans l’Humanité, la comédienne Audrey Vernon, le syndicaliste des coursiers à vélo Arthur Haye, en plus, donc, de Francis Wurtz. Tout cela aboutit aux numéros que vous avez pu découvrir ces dernières semaines.
On a donc choisi de concevoir ce nouvel hebdo comme un magazine qui assume, vraiment, de prendre du recul sur l’actualité, mais sans aseptiser son contenu pour autant. On pense qu’il peut cibler un plus grand public, plus populaire aussi, qui fait en quelque sorte « de la politique sans le savoir », c’est-à-dire un public moins directement intéressé par le PCF et l’actualité des partis, mais dont la ligne éditoriale communiste, au sens large, correspond à ses valeurs. Un hebdo familial, d’éducation populaire avec des sujets très pédagogiques, plus grand public, plus féminin, qui fasse mieux écho aux préoccupations populaires. Un magazine du pas de côté, du temps long, de la découverte, des services qui augmentent en volume.
Pour cela, on a choisi une marque de fabrique de ce nouveau magazine dont on a voulu que cela se voie dans sa maquette, en organisant ses pages selon le « mode de traitement » des sujets. Dit autrement, cela veut dire que l’on ne part plus simplement d’un sujet, mais qu’on choisit les articles aussi selon leur mode d’écriture : on trouve ainsi dès le début du magazine l’histoire de la semaine qui est un récit, mais aussi le reportage, l’enquête, la rencontre, le décryptage... Il nous semble que s’efforcer systématiquement à cet exercice permet de rompre avec la monotonie du journal, de gagner en qualité d’écriture, et en variété pour nos lecteurs. On a donc été au bout de ce choix dans les maquettes de l’Humanité Magazine, qui ne sont plus structurées par séquence correspondant aux rubriques de la rédaction, mais en grandes parties ouvertes par des grands à-plats de couleur selon les modes de traitement, et notamment la première partie, avec l’histoire de la semaine, un grand récit qui court sur plusieurs pages.
Une autre marque de fabrique, là aussi, comme dans le quotidien, et c’est ce qui fait le trait d’union avec lui, c’est à nouveau « l’incarnation » de nos récits ou de nos enquêtes dans des « personnages », des histoires singulières, ce que l’on a voulu traduire au travers de la place faite à la photo, avec la possibilité d’accueillir de grands portfolios, qui sont des reportages en images avec très peu de textes que l’on trouvera de temps en temps. On a aussi voulu donner beaucoup plus de place, et de visibilité à la culture, aux médias, à la vie des idées, aux services, aux jeux, à la vie quotidienne. Et puis nous avons renouvelé et féminisé nos chroniques — l’Humanité Dimanche comptait jusqu’à présent quatre chroniqueurs, tous des hommes (Francis Wurtz, Gérard Filoche, Jean-Christophe Le Duigou, Gérard Le Puill).
On a conservé le premier dans le magazine car ses écrits sont très appréciés et offrent un regard sans équivalent sur l’Europe, les autres se poursuivront sur Internet. Nous atteignons désormais la parité, avec deux femmes et deux hommes : Barbara Cassin, qui est la première académicienne à tenir une chronique dans l’Humanité, la comédienne Audrey Vernon, le syndicaliste des coursiers à vélo Arthur Haye, en plus, donc, de Francis Wurtz. Tout cela aboutit aux numéros que vous avez pu découvrir ces dernières semaines.
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10/ Je voudrais vous parler aussi du site Internet. Nous l’avons repensé pour mettre mieux en valeur la diversité de notre production sur le web : vidéos, infographies animées, éditos, chroniques vidéo, dessins de presse, interviews, enquêtes, reportages, décryptages… La modernisation du site Internet prolonge sur le numérique les changements apportés au quotidien et à l’hebdomadaire, en proposant des rendez-vous autour des marqueurs forts des nouvelles formules de l’Humanité et de l’Humanité Magazine : le débat, « Un jour avec », la rencontre, l’histoire et l’enquête de la semaine… Mais la nouvelle version de notre site est bien plus que cela : c’est une plateforme de reportages et de décryptages vidéo, avec des contenus inédits, et dont la fonction de vitrine de nos titres doit servir à faire connaître l’Humanité à un public nouveau et plus éloigné de nous, aux plus jeunes notamment.
Pour cela, nous avons entièrement redéfini son ergonomie et sa présentation, avec une page d’accueil plus simple pour faciliter la lecture et donner rapidement plus d’informations, plus de contenu, plus de choix ; un site dont les pages ont été optimisées pour un temps de chargement plus rapide et pour renforcer le confort de lecture. Dans ce même esprit de rapidité et de clarté, la nouvelle version de la plateforme numérique propose des entrées par thématiques au plus près de l’actualité. A côté de l’information, une large place est faite aux conseils et aux services sur tout ce qui fait la vie quotidienne. Dans la nouvelle rubrique numérique « Le temps de vivre », déclinée à partir de la rubrique du même nom dans l’Humanité Magazine, on trouve ainsi des initiatives solidaires, des conseils santé et bien-être, des astuces pour bricoler et jardiner, des sujets sur la parentalité et la famille, des idées de randonnées autour de chez soi, des articles sur les grands enjeux de la vie au travail et des conseils juridiques.
Le site fera également place aux formats longs sur des sujets historiques ou scientifiques, des interviews de fond pour prendre du recul sur l’actualité immédiate. Voilà pour les principales nouveautés, en attendant de pouvoir consacrer à notre développement sur le web des investissements plus importants qui pour l’instant nous font défaut. De ce point de vue, ce chantier est un peu distinct des journaux imprimés : notre site Internet est depuis deux ans le terrain d’innovations permanentes pour tester de nouveaux formats et de nouveaux contenus, cibler de nouveaux publics, et cela va continuer par-delà la rénovation de la présentation du site, qui est une étape dans ce travail au long cours.
Pour cela, nous avons entièrement redéfini son ergonomie et sa présentation, avec une page d’accueil plus simple pour faciliter la lecture et donner rapidement plus d’informations, plus de contenu, plus de choix ; un site dont les pages ont été optimisées pour un temps de chargement plus rapide et pour renforcer le confort de lecture. Dans ce même esprit de rapidité et de clarté, la nouvelle version de la plateforme numérique propose des entrées par thématiques au plus près de l’actualité. A côté de l’information, une large place est faite aux conseils et aux services sur tout ce qui fait la vie quotidienne. Dans la nouvelle rubrique numérique « Le temps de vivre », déclinée à partir de la rubrique du même nom dans l’Humanité Magazine, on trouve ainsi des initiatives solidaires, des conseils santé et bien-être, des astuces pour bricoler et jardiner, des sujets sur la parentalité et la famille, des idées de randonnées autour de chez soi, des articles sur les grands enjeux de la vie au travail et des conseils juridiques.
Le site fera également place aux formats longs sur des sujets historiques ou scientifiques, des interviews de fond pour prendre du recul sur l’actualité immédiate. Voilà pour les principales nouveautés, en attendant de pouvoir consacrer à notre développement sur le web des investissements plus importants qui pour l’instant nous font défaut. De ce point de vue, ce chantier est un peu distinct des journaux imprimés : notre site Internet est depuis deux ans le terrain d’innovations permanentes pour tester de nouveaux formats et de nouveaux contenus, cibler de nouveaux publics, et cela va continuer par-delà la rénovation de la présentation du site, qui est une étape dans ce travail au long cours.
La direction de la rédaction
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Et aussi :
– L'intervention d'ouverture de l'assemblée générale
– Les bilans d'activité de la S2LH de 2019 à 2021
– Le vote des membres du conseil d'administration
– Le rapport financier 2019 et 2020
– Les nouvelles formules de l’Humanité
Et aussi : les modèles de lettre dans le cadre de notre mobilisation pour la lecture de l’Humanité